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Pétrole, ton univers impitoyable

Publié le 01/04/2020 08:37
Mis à jour le 14/05/2017 12:45

Lors de la réunion l’Opep, la Russie a dit « niet » à une baisse de sa production. En représailles, l’Arabie Saoudite a décidé d’inonder le marché et le prix du baril s’est effondré. Mais le duel oppose en réalité trois adversaires. Qui craquera le premier ? 

Enorme surprise lors de la réunion de l’Opep+ à Vienne, le 6 mars dernier ! L’Arabie saoudite avait proposé aux autres membres du cartel de réduire la production journalière de 1,5 millions de barils/jour afin de maintenir le cours du baril autour de 50$.

L’accord ne semblait faire aucun doute.  

Cela faisait trois ans qu’une entente liait les trois principaux producteurs (Arabie, Russie, Etats-Unis) afin de soutenir le prix du pétrole. Les pays producteurs avaient accepté une première coupe de 2,1 millions de barils en décembre dernier mais le recul de la demande mondiale suite à la pandémie nécessitait de procéder à une deuxième réduction. 

Or, cette fois-ci, la Russie a refusé de jouer le jeu et a claqué la porte. En représailles, l’Arabie saoudite, sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a décidé d’ouvrir ses pompes.

Le prix du baril s’est aussitôt effondré.

Le brut, qui se négociait autour de 55$ a chuté de 30% pour tomber ensuite à 20$ ce mercredi (le Brent tournant autour de 22$). La bourse, déjà frappée de plein fouet par les incertitudes liées à la pandémie, recevait un deuxième coup de massue. 

Un coup de bluff des Saoudiens ? 

L’Arabie saoudite a donc changé son fusil d’épaule. Par l’entremise de sa compagnie nationale Aramco (SE:2222), elle cherche désormais à maintenir ses parts de marché à n’importe quel prix. Elle se dit prête à extraire 12,3 millions de barils/jour alors que la demande est en chute libre.  

Disposant d’un trésor de guerre de 500 milliards USD, elle estime avoir suffisamment de munitions pour résister. Et pour se donner des marges de manœuvre supplémentaires, elle a remonté le plafond de sa dette à 50% de son PIB. Chez Aramco, on reste serein, même avec un prix du pétrole à 30 dollars.

Certes, l’Arabe saoudite est toujours sortie gagnante d’une guerre des prix mais la situation actuelle est inédite car d’une part, une récession mondiale est fort probable et d’autre part, elle n’affronte pas un seul mais deux adversaires. 

Un coup de génie des Russes ? 

Car ne l’oublions pas, c’est Poutine (adossé au géant Rosneft) qui a tiré la première salve en refusant de diminuer sa quote-part. S’il l’a fait, c’est que lui aussi, se sent sûr de sa stratégie.

S’appuyant sur un matelas de 570 milliards USD, dont 150 milliards investis dans un fonds souverain, la Russie dispose de réserves suffisantes pour soutenir la confrontation. Son seuil de rentabilité est de 42$ le baril. A 27$ le baril, en comptant sur fonds souverain, elle se dit capable de tenir entre 6 et 10 ans. 

La Russie a d’autres raisons d’avoir confiance en ses moyens. Sa balance commerciale est excédentaire grâce aux recettes des hydrocarbures, son budget est excédentaire depuis 2018 et sa dette publique raisonnable.

Bien que les exportations d’hydrocarbures représentent encore 40% de son PIB, la Russie a réussi à se rendre moins dépendante des importations étrangères.. Reste à savoir si elle sera assez résiliente pour tenir dans un monde post-coronavirus et post-krach pétrolier. 

Un coup dur pour les Américains  

Comme dans « Le bon, la brute et le truand », le célèbre film de Sergio Leone, le duel se joue à trois. Car le troisième larron, les Etats-Unis, est celui qui le plus profité de l’entente entre la Russie et l’Arabie saoudite.

En trois ans, la production américaine, boostée par l’exploitation du schiste, a augmenté de 4 millions barils/jour.  Ses parts de marché n’ont cessé de croître alors celles de l’Arabie saoudite et de la Russie reculaient.  

En décidant de donner un grand coup de canif dans le contrat, Poutine cible avant tout les Etats-Unis. Sans doute a-t-il voulu prendre da revanche contre les sanctions américaines qui frappent son pays depuis l’annexion de la Crimée.  

Poutine a visé juste car les Etats-Unis sont en position de faiblesse. Des trois acteurs en présence, c’est le seul dont les compagnies pétrolières auront du mal à survivre avec un baril à 30$.

En effet, l’exploitation du gaz de schiste exige des investissements énormes. Le seuil de rentabilité tourne autour de 50$ le baril. La plupart des compagnies sont lourdement endettées et les investisseurs rechignent de plus en plus à mettre la main à la poche. L’industrie pétrolière américaine doit rembourser 82 milliards USD de créances d’ici 2024 et nombre d’obligations émises sont de piètre qualité.  

Pétrole, ton univers impitoyable

Vers un bouleversement durable ? 

Depuis le double crash, les compagnies pétrolières du Dakota ou du Texas tentent désespérément de restructurer leurs dettes.

Elles ont freiné leur production, annulé les versements de dividendes et considérablement réduit leurs projets d’investissement. Les citernes débordent. Le pétrole physique s’échange à 10$ le baril.

A l’exception des géants Exxon et Mobil, la plupart d’entre elles sont menacées.  

L’Arabie saoudite a fait le pari que la Russie pliera. Mais dans le cas contraire, c’est l’industrie pétrolière américaine qui sera la première à trinquer. Reste à savoir si Donald Trump l’acceptera.

Certains observateurs estiment que MBS est allé trop loin.

Non content de se fâcher avec les Russes, il s’est mis à dos son précieux allié américain. 

Si ce crash perdure, il risque de changer radicalement le paysage pétrolier. L’effondrement des prix est une aubaine pour ceux qui se servent à la pompe mais peut-être un coup fatal pour les hydrocarbures hautement polluants que sont le gaz de schiste,

les sables bitumineux et les biocarburants. Mais aussi pour les énergies renouvelables qui, dans un monde de pétrole bon marché, seront moins rentables qu’auparavant. 

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