Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
31ème capitalisation du CAC40 avec une valorisation de l’ordre de 13,5 Mds€, Legrand (PA:LEGD) (FR0010307819-LR) semble laissé de côté par les investisseurs. Même si l’action du spécialiste des infrastructures électriques et numériques a perdu près d’un quart de sa valeur en l’espace d’un an, le dossier ne suscite guère d’attrait et son nom ne figure pas dans les listes des valeurs préférées éditées en début d’année par les grands analystes.
Legrand paraît donc délaissé voire boudé, alors même que ses dernières publications ont largement tenu la route. En témoigne par exemple la croissance de 4,8% de ses revenus en données organiques au titre des neuf premiers mois de 2018, en sus d’une marge en hausse de 0,1 point à 20,5% plus qu’honorable…
De même, on ne peut pas dire que la stratégie du groupe en termes de croissance externe soit dénuée de fondement… A titre d’exemple, le rachat en novembre de l’intégralité du capital de la start-up Netatmo, le leader français des objets connectés pour la maison, a du sens dans la mesure où les deux groupes (qui viennent de présenter ensemble leurs nouveautés et produits lors du très prisé CES de Las Vegas) développaient déjà de concert des solutions de pilotage de la maison connectée.
« Fondus » aux équipes de R&D de Legrand, les 130 ingénieurs de la cible apporteront leurs compétences dans les domaines très porteurs que sont l’intelligence artificielle et l’Internet des Objets (IoT)…
La guerre commerciale a laissé des traces
Avec cette acquisition, Legrand a également ajouté une dimension high tech à sa palette d’activités, un atout non négligeable dans un monde financier au sein duquel les investisseurs restent friands de groupes innovants. Durant une présentation des résultats du groupe, la direction a du reste beaucoup insisté sur quelques tendances de fond comme la téléassistance pour les personnes âgées ou encore les prises électriques pilotables à distance, deux mutations majeures dans un monde tourné vers la réduction des dépenses énergétiques.
En fait, en me penchant sur les dernières communications du groupe, je me suis rendu compte que Legrand, fortement exposé au marché américain, est une victime collatérale de la guerre commerciale que se livrent Washington et Pékin.
Depuis le rachat en juin 2017 du spécialiste des supports d’installation d’écrans vidéos dans le secteur tertiaire Milestone, la plus importante acquisition de l’histoire du groupe, les Etats-Unis représentent quelque 35% des revenus globaux de Legrand. Dans ce contexte, le groupe a été contraint de prendre des mesures fortes, des hausses de tarifs ou une relocalisation vers d’autres zones de production.
Reste à se demander si l’essentiel des mauvaises nouvelles n’est pas dans les cours du titre, considérant de surcroît que le problème des droits de douane n’est pas neuf. Il a en outre de bonnes chances de rebondir dans le cas plausible d’une éclaircie (et a fortiori d’une résolution) du différend commercial qui oppose les Etats-Unis et la Chine.
Lorsqu’on regarde les ratios boursiers de Legrand, nous en sommes en tous les cas dans la moyenne basse avec par exemple un PER de 14 sur 2019, alors que la valeur se paie généralement sur un multiple de 20.
Et si, tout compte fait, Legrand était l’un des must de l’année boursière ?