Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Une fois de plus, le charismatique PDG de Tesla (NASDAQ:TSLA) Elon Musk est parti en dérapage incontrôlé, avec le risque d’une nouvelle sortie de route en bonne et due forme.
Le principal danger qui guette l’investisseur quand on aborde le dossier du constructeur de voitures électriques de luxe, c’est de réagir davantage sous le coup de l’émotion que de manière rationnelle. La personnalité même d’Elon Musk, charismatique, fantasque ou mégalomane selon les points de vue tend à favoriser les excès.
Lorsqu’on est à la tête d’une telle société, on a pour ainsi dire le devoir de faire rêver les clients ou potentiels clients. On a cependant aussi des obligations élémentaires, au premier rang desquelles celle de ne pas répandre de fausses informations.
A cet égard, vous vous rappelez sans doute que la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain) a dû intervenir une première fois en septembre, alors qu’Elon Musk avait publié des tweets dans lesquels il évoquait un possible rachat de Tesla puis un retrait de la cote, aidé en cela par un fonds saoudien.
Sauf qu’il s’agissait d’un « fake » destiné à faire remonter l’action et à « défoncer », selon ses propres termes, les nombreux vendeurs à découvert sur le titre.
La SEC voit rouge
La manœuvre a valu au milliardaire une amende de 20 M$ et, sur le plan institutionnel, la perte de la fonction de président du conseil d’administration. Plus symboliquement, Elon Musk s’est aussi vu infliger l’obligation d’une approbation préalable de ses tweets et autres déclarations par un comité de direction indépendant. Une mise sous tutelle 2.0 rarissime !
Las ! Elon Musk a récidivé fin février et a tweeté sans l’agrément du comité précité à propos du niveau de production de véhicules Tesla attendu pour 2019. Selon ses estimations, le constructeur californien visait 500 000 exemplaires au titre de l’année en cours, alors que le groupe avait précédemment indiqué tabler sur 400 000 unités. Le magnat a lamentablement rétropédalé quelques heures plus tard, tentant d’expliquer que « le taux annualisé à la fin 2019 » serait « probablement » d’environ 500 000 modèles et que l’objectif de livraisons pour cette année restait quant à lui de 400 000 exemplaires…
Insuffisant pour empêcher que la SEC ne se fâche pour de bon, exigeant d’Elon Musk des explications avant de pousser plus loin des poursuites, lesquelles pourraient se révéler fatales au président de Tesla.
Maintenant, si on fait abstraction des aspects d’ordre émotionnel de ce dossier, les enjeux techniques du moment sont très clairs…
Tesla évolue en effet depuis 2013 dans un canal haussier de long terme (en bleu sur le graphique ci-dessus), et à chaque fois que les cours ont touché le support dudit canal (le segment vert), l’action a rebondi (les petites flèche vertes).
Elon Musk, un piètre prévisionniste
Il se trouve que Tesla teste une nouvelle fois ce support actuellement ainsi qu’une zone graphique matérialisée par le support horizontal « S », et que les deux supports se regroupent dans la même zone (la pastille bleue).
À partir de là, il est probable que le rebond ou la cassure de ces supports soit la conséquence de la décision de poursuivre une fois de plus le très médiatique et très sulfureux Elon Musk.
La réponse de la SEC ne devrait pas tarder et c’est elle qui va donner le tempo, mais la question de fond demeure : Tesla se porterait-elle mieux avec ou sans son PDG-fondateur ?
Techniquement, le comportement de l’action peut être suivi à l’aide d’un simple indicateur comme le SMI (« Stochastique momentum index ») pour lequel les signaux de renversement qui interviennent en zone de survente (la pastille verte en partie basse du graphique) ou de surachat (la pastille rouge) donnent des signaux corrects.
A priori, si un nouveau signal positif intervient alors que l’action est en train de tester la double zone de résistance (la pastille bleue), nous aurons un nouveau signal haussier. Signal que je ne suivrai personnellement pas sachant qu’Elon Musk s’est systématiquement trompé dans ses prévisions en matière de rentabilité…
En cas de cassure des supports précédemment évoqués, le premier objectif de baisse se situe sur un retour du support (en vert pointillé) de ce qui apparaît maintenant comme une tendance baissière (le canal gris).
En tout état de cause, l’affaire sera intéressante à suivre, ne serait-ce que pour voir si l’aspect sensationnel prévaut sur le côté éthique et le respect des règles de communication auxquelles les dirigeants d’entreprises cotées doivent s’astreindre.