Débat présidentiel : Tout faux
Le seul moment où l'économie a vraiment été au cœur du premier débat présidentiel est lorsque Marine Le Pen a fièrement affiché la production industrielle des pays européens, insinuant que seule l’Allemagne s’en sortait depuis la création de l’euro.
Le graphique est juste (forcément… on peut faire dire ce qu'on veut à des courbes...). La cause et l’argumentaire, beaucoup moins.
Voyez-vous, je ne sais pas ce qui me choque le plus. Est-ce l’inexactitude volontaire des propos de la candidate frontiste qui, on le sait, est prête à tout pour convaincre que l’euro est à l’origine de tous nos maux ? Ou la médiocrité de ceux qui ont voulu prouver l’inverse, mélangeant mauvaise foi et incompétence notoire. Cela en dit quand même long sur l’incompréhension de l’économie par les Français et… inversement.
Marine Le Pen a raison de dire que l’euro a profité à l’Allemagne pour développer ses exportations.
Mais l’euro n’a été qu’un facteur positif d’une décision stratégique et d’une politique industrielle entièrement assumée : l’exportation, principalement vers la Chine. Si la France avait voulu et su s’adapter pour appliquer la même stratégie, elle aurait pu en profiter. A ceux qui voient maintenant l’Allemagne comme un modèle, vous faites fausse route. L’Allemagne a la vertu d’avoir fait des choix clairs et sans ambiguïtés. Mais il y a des côtés sombres. Surtout, leur stratégie d’exportation, qui a été gagnante ces 15 dernières années, ne le sera sans doute pas pour les 20 prochaines.
Une des maladies françaises consiste à regarder éternellement en arrière pour trouver des solutions d’avenir.
Non, la compétitivité de la France n’est pas dévaluée (que) par l’euro mais par le manque de stratégie, d’ambition politique, par l'absence d’un environnement favorable et d’une fiscalité stable. Alors Mme Le Pen, messieurs les responsables politiques de tout bord et « fact checkers » bien-pensants, arrêtez de prendre les vrais débats en otage de vos idéologies et admettez maintenant que le problème de la France, c’est peut-être tout simplement… l’immobilisme.