Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’un des grands rendez-vous macroéconomique de la semaine sera la réunion annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming). Alors que les tensions commerciales ont accaparé l’attention des investisseurs ces dernières semaines, ce symposium pourrait être l’occasion de replacer la politique monétaire sur le devant de la scène.
Jerome Powell, qui a plutôt bien réussi son baptême du feu, doit tout de même faire face à un problème, l’hyperprésidence de Donald Trump et son instabilité, qui rendent la tâche plus compliquée aux membres de la FED, lesquels s’attachent principalement à donner de la visibilité aux marchés.
▶ La FED doit rassurer
Il sera donc intéressant de voir le positionnement de la Réserve fédérale américaine après sa dernière hausse de taux et alors que les menaces de guerre commerciale pourraient finir par freiner la dynamique actuelle.
Son président ne s’y est d’ailleurs pas trompé et a intitulé son discours « La politique monétaire dans une économie en changement ». Alors qu’une nouvelle hausse de taux est anticipée à plus de 95% lors de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (le 26 septembre), Jerome Powell va devoir continuer à éclairer la voie et écarter toute ambiguïté sur les prochains mouvements.
▶ Une inflation au plus haut depuis 10 ans
Du côté de l’inflation, la hausse des taux continue d’être justifiée. Les derniers chiffres ont en effet montré une inflation sous-jacente (hors éléments volatils) de 2,4%, soit un plus haut depuis… 10 ans.
L’augmentation de 2,9% des prix sur les douze derniers mois est principalement due à la hausse de l’énergie, mais les derniers chiffres des salaires montrent également une bonne tenue avec de surcroît des postes ouverts sans candidat proches d’un record historique.
Dans ce contexte, il est difficile de balayer l’hypothèse d’une surchauffe potentielle de l’économie américaine, d’autant que la bonne dynamique générale s’explique surtout par des coupes d’impôts massives. Et avec des tensions commerciales qui restent vives, même si un apaisement se profile avec la Chine, on ne saurait exclure un coup de frein brutal.
Or, la FED aurait ici bien moins de marge de manœuvre qu’en 2008…
▶ Le Dollar Index en hausse, mais…
Sur les marchés, toutefois, l’heure est à l’optimisme avec des indices qui flirtent avec des plus hauts de plusieurs mois, alors que la Chine et les Etats-Unis semblent tempérer leurs ardeurs en amont d’une possible rencontre entre leurs deux présidents en novembre prochain.
Dans ce contexte, le billet vert en a profité pour largement rebondir. J’avais évoqué sa progression face au yuan lors de mon dernier article, mais cette hausse s’est depuis généralisée.
En effet, le Dollar Index, qui mesure la force de la devise américaine face à un panier de devises internationales, a fortement rebondi, passant de 88 à 97 en moins de six mois.
Pour autant, une divergence avec le RSI semble se profiler, ce qui pourrait être le signe annonciateur d’un essoufflement, d’autant que les marchés ont parfaitement anticipé les derniers mouvements de la FED et ont déjà « pricé » les futures hausses des taux.
▶ Une correction se profile
Au global, si la situation actuelle reste dans une tendance haussière, et ce tant que la zone à 93,8/93,2 tiendra, je surveillerai tout de même l’évolution du DXY dans la semaine. Une opportunité de vente en cas de nouvel échec à franchir les 97 pourrait en effet se profiler.
Par ailleurs, quand bien même le différentiel de taux continue pour le moment de favoriser le billet vert, il va falloir désormais se pencher sur le cas de la BCE qui est, je pense, dans une situation bien moins confortable que celle la FED. Je vous en parle plus tard dans la semaine !
Bonne journée,
Jérôme