Il n’y a pas loin de la Roche (SIX:ROG) Tarpéienne au Capitole. Star de la cote américaine, mais dossier ultra-spéculatif, Tesla (NASDAQ:TSLA) pourrait traverser une période de fortes turbulences boursières. Tel est en tout cas l’avis de Philippe Béchade, arguments techniques à l’appui.
Une action a particulièrement souffert hier et subi un décrochage très alarmant sur le plan technique : celle de Tesla, qui a clôturé en repli de 10,3%.
Les analystes invoquent la déception consécutive à la prestation de son président-fondateur Elon Musk mardi soir. D’aucuns anticipaient en effet des annonces révolutionnaires dans les batteries et la conduite autonome, mais la montagne (de spéculations grandioses) aura in fine accouché d’une souris : une Tesla « low cost » à 25 000$ qui pourrait arriver sur le marché en 2023, c’est-à-dire quand tous ses concurrents spécialistes du « milieu de gamme » auront déjà saturé ce créneau…
Il serait certes prématuré de prédire la cassure imminente du support oblique crucial des 355/358 $ (qui coïncide avec l’ex-record absolu du 12 juillet dernier), mais si l’on se met dans la peau de ceux qui sont entrés en « stop achat » à 360 $ et qui ont pyramidé jusque vers le record des 502 $ du 31 août à l’ouverture, avant de subir le « sell-off » de 21% du 7 septembre vers 330 $ (aucun stop de protection n’a pu fonctionner, un piège imparable), il fallait avoir des nerfs d’acier pour ne pas tout larguer.
Ces acheteurs ont cru en leur bonne étoile avec une rapide remontée vers 450 $ (du 14 au 20 septembre), mais après la baisse de 5,6% du 22 septembre suivie d’un « gap » sous 417 $ le lendemain, le cauchemar de la période du 2 au 7 septembre semble recommencer… A ceci près que cette fois-ci, il apparaît évident que toutes les plus folles espérances – nonobstant celles qui ne se sont pas concrétisées – sont maintenant dans les cours.
Une survalorisation (très) persistante
A quoi faut-il s’attendre désormais ? Tesla risque un « re-test » des 330 $, mais aussi et surtout de la zone des 280$ qui servait de support juste avant l’annonce de la division par 5 du titre. Or, à 280 $, il y aurait beaucoup plus de perdants que de gagnants sur un intervalle de trois mois, ce qui pourrait faire toute la différence… Et sous les 275 $, difficile d’identifier un support avant 185/190 $, c’est-à-dire l’ex-plancher du 15 au 25 juin, mais aussi l’ex-zénith historique des 4 et 19 février.
Une chute de 62% par rapport au record du 1er septembre vous semble abyssale et difficilement concevable ? Jetez donc un coup d’œil à l’autre star (déchue) des véhicules électriques dont le patron vient de démissionner, j’ai nommé Nikola, dont l’action a fondu comme neige au soleil depuis le sommet de la bulle spéculative à 76,3 $ le 23 juin – tandis que Tesla marquait un creux majeur.
Le titre s’est encore effondré de 26% vers 20,6$ hier, soit une chute d’exactement 60% par rapport au zénith des 54,5 $ du 7 septembre dernier. Il n’aura donc fallu que 15 jours pour passer du paradis à l’enfer boursier.
Appliquez ce même timing et ce même ratio à Tesla, qui s’apparente davantage à un bitcoin automobile qu’à une valeur de croissance ayant fait ses preuves, comparable à Apple (NASDAQ:AAPL) ou Amazon (NASDAQ:AMZN), et vous obtenez un cours de 135 $ qui nous ramène au niveau du 30 avril dernier.
Mais même à 135$, Tesla demeurerait largement survalorisé par rapport à… Apple et Amazon. A méditer…