Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Depuis le début de l’été, la FED, toujours « dovish » et dont le président Jerome Powell vient de s’engager devant le Congrès pour une baisse des taux imminente, a attisé la course aux records du S&P500 au-delà des 3 000 points.
Toutefois, c’est désormais la microéconomie qui va retenir l’attention des investisseurs avec le début de la traditionnelle saison des résultats trimestriels. Hier, Citigroup (NYSE:C) a ouvert les hostilités (avec au bout du compte beaucoup d’hésitations en clôture malgré des bénéfices meilleurs que prévus). D’autres bancaires comme Goldman Sachs (NYSE:GS) et JPMorgan (NYSE:JPM) vont lui emboîter le pas en début d’après-midi ce mardi, avant Bank of America (NYSE:BAC) et Wells Fargo (NYSE:WFC) demain, puis Morgan Stanley (NYSE:MS) jeudi. D’autres grands noms de la cote comme IBM (NYSE:IBM), Microsoft (NASDAQ:MSFT), American Express ou encore Netflix (NASDAQ:NFLX) feront également paraître leurs résultats d’ici vendredi.
En amont de cette mini-avalanche, un premier constat s’impose : les attentes du consensus n’ont eu de cesse d’être abaissées depuis deux mois. Désormais, selon les données compilées par Bloomberg, les bénéfices dégagés par les entreprises américaines appartenant au S&P500 devraient avoir reculé de 2,7% au deuxième trimestre. A en croire le consensus FactSet, la baisse des bénéfices pour la période avril-juin devrait plutôt tourner autour de 1,4%, mais grosso modo, les attentes moyennes tournent autour d’un repli de 2%, ce qui constituerait une première depuis trois ans.
Ces attentes seront-elles dépassées ? D’un point de vue boursier, l’équation a le mérite d’être simple : soit le S&P500, au-delà des 3 000 points, est allé trop haut et les valorisations boursières s’ajusteront en cas de baisse plus marquée que prévu des bénéfices, soit les publications seront « moins pires qu’attendu » et la course aux records pourrait se poursuivre.
Dans une note pleine de bon sens diffusée en fin de semaine dernière, FactSet résumait assez bien le constat actuel, alors qu’historiquement la croissance du bénéfice par action moyen suit « logiquement » celle du S&P500 (voir le graphique ci-après) :
Or, voici ce à quoi nous assistons ces dernières semaines :
En clair, les estimations de bénéfices par action (en noir) baissent, mais le S&P500 (en bleu) poursuit sa progression, à rebours des « normes » historiques.
S’il est évidemment trop tôt pour déterminer qui aura raison, attention toutefois à ne pas trop anticiper du « moins mauvais que prévu ». Car les profit warning ont été nombreux en cette première quinzaine de juillet sur le Vieux Continent.
Une accumulation préoccupante
Le 5 juillet dernier, le groupe suédois Hexagon décrochait ainsi de 13% à la Bourse de Stockholm (le cercle noir) après un avertissement au titre de son deuxième trimestre en raison des tensions commerciales.
La semaine dernière, à Francfort, le géant allemand de la chimie BASF (DE:BASFN) a lui aussi été attaqué après la publication d’un résultat « considérablement » inférieur aux attentes des analystes…
Même coup de semonce vendredi dernier pour Daimler (DE:DAIGn), qui a pour sa part enchaîné un deuxième profit warning en tout juste deux mois.
Hier, Telenor, la première compagnie de télécommunication norvégienne, et le groupe anglais Sports Direct (dont le propriétaire milliardaire possède également le club de football anglais Newcastle), lequel trébuchait de 10% sur de nouveaux plus bas annuels alors que les guidances annuelles pourraient bien être remises en cause, ont eux aussi été durement secoués.
Et si, dans ces deux derniers cas, les tensions macroéconomiques entre Pékin et Washington autour de la guerre commerciale n’y sont pour rien, en l’état actuel des choses cet environnement m’incite à une certaine prudence quant au fait de jouer des surprises à la hausse.
Je serais même plutôt partisan du contraire…