Les entreprises à la rentabilité ou au business model chancelant ont vu leur situation se dégrader en marge des turbulences économiques engendrées par la pandémie. Bombardier (TSX:BBDb), dont le plan de redressement pourrait avoir du plomb dans l’aile, en fait assurément partie en regard de l’évolution de ses rendements obligataires.
Pour bien vouloir détenir en portefeuille des obligations émises par la multinationale québécoise, les investisseurs exigent désormais un rendement annuel à deux chiffres.
Pour ne citer qu’elle, l’obligation que l'avionneur s'engage à rembourser en janvier 2023 affiche ainsi un rendement de près de … 17%, sur base d’une décote de 78,48% du nominal.
Ce niveau de rémunération pour le moins inquiétant reflète le rating hautement spéculatif “CCC+” accordé par Standard & Poor’s, et au passage, la baisse anticipée par le marché des livraisons d’avions d’affaires, division sur laquelle s’apprête à se concentrer exclusivement Bombardier.
Selon l’agence, qui a dégradé début avril d’un cran sa note, le plan de redressement dans lequel est engagé le constructeur “semble plus incertain que jamais en raison de la crise mondiale engendrée par le COVID-19".
Evoquant une situation financière qui parait insoutenable à long terme, l’agence note que Bombardier pourrait devoir restructurer sa dette au cours des 12 prochains mois afin d’obtenir un peu de répit.
Dans le cadre des mesures sanitaires, Bombardier a notamment été contraint de stopper la production dans ses usines canadiennes jusqu’au 26 avril. Le groupe a par ailleurs annoncé la suppression de plusieurs milliers d’emplois supplémentaires, au Québec et à Belfast notamment.
Il est à noter qu’à court terme, la société pourrait ne pas avoir à faire face à une crise de liquidités, sachant qu’elle a multiplié les cessions d’actifs ces derniers temps. Pour ne retenir que la plus importante, la vente de son activité historique de transport sur rail (train, tram, bus) au géant français Alstom (PA:ALSO), signée en début d’année pour un montant avoisinant les six milliards de dollars.
Le produit de cette vente doit faire baisser l’endettement du groupe, plus de neuf milliards de dollars au sortir de l’année 2019.
Cette vente, qui cadre avec le plan de Bombardier visant à concentrer l’entreprise sur l’activité d’avions d’affaires, est actuellement scrutée par les autorités réglementaires européennes, qui se donnent jusqu’au 16 juillet pour se prononcer à l’égard de cette transaction.