La politique américaine a un impact considérable sur le prix du pétrole, tant en termes d'offre que de demande.
La raison : avant l'apparition du coronavirus, les États-Unis étaient le plus grand producteur et consommateur de pétrole au monde. Les décisions de politique étrangère des États-Unis ont également un impact sur la production et le commerce du pétrole étranger.
Compte tenu de cette influence significative sur le marché du pétrole, il est important que les traders se tiennent au courant de la manière dont l'élection présidentielle américaine pourrait affecter la production et les prix du produit de base. La prochaine élection est prévue pour le 3 novembre, et le premier débat entre le président Trump et le vice-président Biden est prévu pour le mardi 29 septembre.
Si Trump est réélu, on s'attend à ce que le gouvernement fédéral poursuive les mêmes politiques concernant la production nationale de pétrole et de gaz aux États-Unis. D'autre part, si Biden devient président, les politiques fédérales en matière de production de pétrole et de gaz sont susceptibles de changer, mais on ne sait pas exactement comment.
Politique pétrolière : Biden contre Trump
En ce qui concerne les plans de politique énergétique, Biden n'a pas été cohérent. Parfois, il dit vouloir mettre fin à l'utilisation des combustibles fossiles et mettre en œuvre le Green New Deal, et d'autres fois, il déclare qu'il n'interdira absolument pas la fracturation.
Nous en saurons plus si et quand Biden clarifiera sa position, mais même alors, ce sera compliqué car les déclarations des candidats pendant une campagne ne reflètent pas toujours la façon dont ils se comportent une fois élus. Par exemple, le président George W. Bush était un pétrolier et pensait être un ami de l'industrie pétrolière, mais c'est sous Obama, un leader connu comme environnementaliste, que l'industrie pétrolière et gazière aux États-Unis a vraiment prospéré.
Dans les prochaines colonnes avant le jour des élections, j'aborderai les possibilités de production (et de demande) de pétrole et de gaz aux États-Unis en fonction du candidat qui l'emportera.
Si le président Trump remporte un second mandat, les opérateurs pourraient s'attendre à ce que la politique étrangère américaine continue sur sa lancée actuelle. Les sanctions empêchant les exportations de pétrole et de gaz de l'Iran et du Venezuela pourraient se poursuivre ou s'intensifier. Biden, par contre, adopterait une politique étrangère différente à cet égard. Il a déclaré qu'il mettrait en œuvre une politique radicalement différente à l'égard de l'Iran, mais il n'est pas certain que cela inclurait un assouplissement des sanctions sur le pétrole iranien.
Selon Platts, en août, l'Iran a produit 1,95 mbpj. L'Iran verrait probablement une victoire de Biden comme une raison de mettre plus de pétrole sur le marché, clandestinement ou librement. La Chine achèterait probablement aussi plus de pétrole à l'Iran, au moins par les mêmes canaux de distribution qu'elle a acheté furtivement le pétrole iranien en violation des sanctions dans le passé. Si les sanctions sont assouplies, les autres clients de l'Iran, l'Inde et la Corée, reprendraient probablement leurs achats de pétrole et de gaz, mais les traders ne devraient pas chercher à ce que des entreprises européennes entrent sur la scène pétrolière iranienne pour l'instant. L'Iran n'est toujours pas un environnement commercial prometteur pour eux.
Si l'Iran augmente sa production et ses ventes sous l'administration Biden, la politique de l'OPEP en sera affectée. Une telle situation pourrait potentiellement déstabiliser l'accord OPEP+ si l'Iran exige une considération spéciale pour surproduire son quota en raison des difficultés économiques que les sanctions américaines ont eu sur le pays. Si le pétrole iranien est ajouté au marché avant que la période actuelle de faible demande ne s'améliore de manière significative, nous verrions les prix du pétrole descendre encore plus bas. Cependant, la reprise de la production iranienne prendrait un certain temps, il semble donc raisonnable de supposer que nous assisterions à une reprise significative de la demande avant que l'Iran ne puisse produire 3,5 ou 4 mbpj.
Une victoire de Biden pourrait également voir la levée des sanctions américaines sur le pétrole vénézuélien. Cependant, le marché pétrolier vénézuélien est dans un tel état de délabrement que le pays ne pourra probablement pas exporter de pétrole avant un certain temps. Le Venezuela a également vu une grande partie de ses talents dans l'industrie quitter le pays au cours des dernières années, ce qui compliquerait encore les efforts pour augmenter la production.
En fait, nous verrions probablement davantage d'exportations iraniennes de pétrole brut et d'essence se diriger vers le Venezuela jusqu'à ce que l'industrie vénézuélienne se remette sur pied. Le Venezuela verrait probablement un afflux d'investissements et de personnel russes, et peut-être chinois, pour relancer son industrie. Même dans un marché surapprovisionné, parce que le Venezuela produit principalement du pétrole lourd, il serait très demandé s'il revenait sur le marché, même aux États-Unis. Ainsi, malgré les obstacles importants (perte de talents, dépenses, corruption du gouvernement, dégradation des infrastructures), le Venezuela attirerait probablement des parties intéressées pour réhabiliter l'industrie et acheter son pétrole.
D'autres nouvelles politiques américaines en provenance de Californie ont retenu l'attention du marché pétrolier cette semaine. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a signé un décret qui interdira la vente de voitures à moteur à combustion interne dans son État d'ici 2035. La Californie est le plus grand État des États-Unis avec environ 40 millions d'habitants, mais ce n'est pas si grave que cela car Newsom n'a probablement pas l'autorité nécessaire pour le faire, et il peut être facilement renversé par un futur gouverneur d'ici 2035.
De plus, il s'agit d'un ordre peu pratique car le réseau électrique de Californie n'a pas la capacité de gérer cela. Bien que cet ordre puisse être copié par d'autres États, les traders en pétrole ne devraient pas trop interpréter ces efforts de l'État, à moins ou jusqu'à ce que les constructeurs automobiles commencent à y répondre avec une stratégie modifiée.